Visite guidée du Marais
Le Marais d’Âges, séminaire touristique intergénérationnel, bénéficie de l’accompagnement d’un audioguide, réalisé par VYV Solidaires.
Nous vous invitons à scanner les QR Code présents sur votre fascicule à mesure que vous avancez dans votre parcours.
Plongez-vous dans l’histoire et les anecdotes du plus vieux quartier parisien.
01 – Église Saint-Paul-Saint-Louis / La Façade
Sourds et malentendants
L’église Saint-Paul-Saint-Louis, située au cœur du Marais à Paris, est un joyau de l’architecture religieuse du XVIIe siècle. Construite entre 1627 et 1641 à la demande des Jésuites et sous le patronage de Louis XIII, elle illustre parfaitement la transition entre le style gothique médiéval et l’élan baroque importé d’Italie. À cette époque, la Contre-Réforme catholique cherche à reconquérir les esprits par la beauté et la solennité des lieux de culte. Saint-Paul-Saint-Louis incarne cette volonté.
Dès la façade, on est frappé par son audace : trois niveaux richement ornés, des colonnes corinthiennes, un fronton couronné d’une croix, et une impression de verticalité qui attire le regard vers le ciel. Cette façade est l’une des premières à Paris à s’inspirer clairement du baroque romain, notamment de l’église du Gesù, modèle des églises jésuites. Entrez à présent dans l’église.
02 – Église Saint-Paul-Saint-Louis / L’intérieur
Sourds et malentendants
À l’intérieur, la coupole de la croisée du transept, vaste et lumineuse, est une prouesse architecturale pour l’époque. Elle permet une diffusion spectaculaire de la lumière naturelle, guidant le regard vers les hauteurs. Le décor, quant à lui, mêle peintures, sculptures et dorures dans une mise en scène dramatique et spirituelle. Parmi les œuvres remarquables, on trouve un Christ en croix attribué à Delacroix, ajout ultérieur qui témoigne de la richesse artistique continue du lieu.
Enfin, l’église a connu plusieurs vies : église royale, lieu de mémoire sous la Révolution, elle reste aujourd’hui un monument vivant, à la croisée de l’histoire religieuse, artistique et politique de Paris.
Sortez de l’Eglise par la porte à gauche du transept pour continuer le parcours.
03 – Hôtel de Sully / La cour d’honneur
Sourds et malentendants
En entrant, vous découvrez d’abord la cour d’honneur : un espace majestueux, conçu pour impressionner. Les façades sont richement décorées, ornées de frontons, de colonnes et de sculptures classiques. Observez les détails : chaque mascaron, chaque relief raconte quelque chose de la richesse et du goût de l’époque. Construite entre 1625 et 1630, cette cour reflète l’élégance du style Louis XIII, marqué par la pierre blonde de Paris et l’harmonie des volumes.
L’hôtel tire son nom de Maximilien de Béthune, duc de Sully, grand ministre d’Henri IV, qui s’y installe en 1634. Ce lieu devient alors une résidence prestigieuse, dans un quartier prisé par l’aristocratie.
04 – Hôtel de Sully / Les jardins
Sourds et malentendants
En traversant la cour, vous accédez aux jardins. Moins visibles depuis la rue, ils sont comme un secret bien gardé. Ce jardin à la française, avec ses allées symétriques, ses buis taillés et ses parterres géométriques, prolonge l’élégance de la bâtisse dans un espace de calme et de lumière. À l’époque, on y flânait, on y montrait son rang, on y recevait parfois. Aujourd’hui, c’est un lieu paisible, à l’écart de l’agitation urbaine.
Prenez le temps de lever les yeux, d’écouter les bruits du vent dans les feuillages, et d’imaginer la vie qui animait ces lieux il y a près de 400 ans.
Après avoir échangé avec votre binôme, quittez les jardins pour rejoindre la place des Vosges.
05 – Place des Vosges
Sourds et malentendants
Bienvenue sur la place des Vosges, l’un des joyaux du Marais… et la plus ancienne place royale de Paris !
Ici, tout respire l’harmonie. Regardez autour de vous : 36 pavillons parfaitement symétriques, en brique rouge et pierre blanche, coiffés de toits en ardoise. Ce n’est pas un hasard : la place a été conçue dès le début du XVIIe siècle comme un tout, un modèle d’urbanisme moderne pour l’époque. Sa construction débute en 1605, sous le règne d’Henri IV. Il voulait faire de cet endroit un symbole de paix et de renouveau après les guerres de religion.
À l’époque, on l’appelle la place Royale. Elle devient rapidement un lieu de promenade à la mode, un centre de la vie mondaine. Les aristocrates s’y installent, les écrivains s’en inspirent. Et ce n’est pas fini : Victor Hugo lui-même a vécu ici, au n°6, dans ce qui est aujourd’hui un musée.
Mais la place des Vosges, ce n’est pas seulement de l’histoire. C’est aussi une ambiance. Le cloître qui entoure la place, avec ses arcades en pierre, invite à la déambulation. Les galeries abritent aujourd’hui des galeries d’art, des librairies, des cafés… Et au centre, ce jardin paisible, avec ses bancs, ses fontaines et ses arbres, offre un souffle de calme au milieu de la ville.
Pourquoi “place des Vosges” ? C’est un hommage : le département des Vosges fut le premier à payer l’impôt pour soutenir la Révolution française. Le nom est resté.
Alors prenez un court moment sous les tilleuls, écoutez les bruits de la place… et laissez l’histoire de Paris vous murmurer à l’oreille.
Vous quitterez ensuite la place par la Rue des Francs Bourgeois jusqu’à découvrir le musée Carnavalet.
06 – Musée Carnavalet
Sourds et malentendants
Bienvenue au musée Carnavalet, le musée de l’histoire de Paris… et quel meilleur endroit pour raconter cette ville que le cœur du Marais !
Ici, vous entrez dans un lieu qui rassemble plus de 4 000 ans d’histoire parisienne. De Lutèce à nos jours, chaque salle, chaque objet, chaque tableau raconte une facette de la vie dans la capitale. Mais ce musée est lui-même un morceau d’histoire.
Il occupe deux hôtels particuliers superbes : l’hôtel Carnavalet, construit au XVIe siècle, et l’hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau, reliés depuis le XIXe siècle pour accueillir les collections. Dans la cour d’entrée, vous êtes accueillis par une majestueuse statue de Louis XIV, et déjà, l’atmosphère du vieux Paris vous enveloppe.
À l’origine, cet hôtel abritait la demeure de la célèbre écrivaine Madame de Sévigné, connue pour ses lettres pleines d’esprit. Plus tard, en 1880, la Ville de Paris transforme l’ensemble en musée, avec une idée ambitieuse : raconter Paris aux Parisiens et aux curieux.
À l’intérieur, vous croiserez des enseignes de boutiques anciennes, des meubles d’époque, des objets révolutionnaires, des reconstitutions de salons, mais aussi des œuvres modernes. L’histoire ici n’est pas figée : elle est vivante, sensible, parfois drôle, parfois bouleversante
Carnavalet, c’est un musée gratuit, populaire, profondément ancré dans le tissu parisien. On y vient pour apprendre, flâner, s’émerveiller… ou simplement sentir battre le cœur de Paris à travers les siècles.
Alors, poussez la porte, laissez-vous guider… et entrez dans la mémoire de la ville.
Le musée est loin d’être petit. Donnez-vous 45 à 60 minutes maximum pour le parcourir. Gardez 5 à 10 minutes pour découvrir sa cour d’honneur. C’est ici qu’arrivaient jadis les carrosses, qu’on saluait les hôtes, qu’on affichait son rang. Malgré le faste du lieu, un sentiment de calme y règne et mérite d’y gouter.
07 – Bibliothèque historique
Sourds et malentendants
Bienvenue devant la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, un lieu discret, mais chargé d’histoire.
Installée dans l’ancien hôtel de Lamoignon, l’un des plus beaux hôtels particuliers du Marais, elle conserve depuis 1969 les archives et les trésors imprimés de la capitale. Dès que vous entrez dans sa cour intérieure, vous ressentez la majesté des lieux : façades sculptées, fenêtres à meneaux, pavés anciens… On est ici dans un Paris d’un autre temps.
À l’origine, cette demeure du XVIe siècle accueillait de grandes familles de magistrats, dont le célèbre Chancelier Lamoignon. Aujourd’hui, c’est un temple du savoir : plus d’un million de documents y sont conservés, sur l’histoire, la littérature, les arts et la vie parisienne.
Un lieu calme, feutré, presque secret… comme un refuge pour celles et ceux qui aiment Paris, ses mots et sa mémoire.
08 – Rue des Rosiers
Sourds et malentendants
Découvrez la rue des Rosiers, l’une des plus emblématiques du Marais, au cœur du quartier juif historique de Paris.
Depuis le Moyen Âge, ce quartier appelé le Pletzl — “petite place” en yiddish — est un centre de vie, de culture et de mémoire pour les communautés juives venues d’Europe centrale et orientale. On y trouve encore aujourd’hui des boulangeries cachères, des librairies, des synagogues discrètes… et bien sûr, les célèbres enseignes de falafels.
Mais la rue des Rosiers porte aussi les traces douloureuses de l’histoire. Le 9 août 1982, un attentat à la grenade et à l’arme automatique vise le restaurant Jo Goldenberg, faisant 6 morts et 22 blessés. Cet acte antisémite a profondément marqué le quartier. Une plaque commémorative rappelle aujourd’hui cet événement tragique, symbole d’une mémoire qui ne s’efface pas.
Et pourtant, la rue continue de vivre, de se transformer. À l’image du Marais, cette rue réunit histoire et modernité, racines profondes et renouveau créatif.
Parmi les nouvelles adresses, la pâtisserie Yann Couvreur a pris ses quartiers au 23bis, mêlant raffinement contemporain et traditions gourmandes. N’hésitez pas à y jeter un œil.
09 – Maison Faust
Sourds et malentendants
Bienvenue au 13 rue François Miron, devant ce qu’on appelle la Maison Faust. Vous êtes ici face à l’une des plus anciennes maisons de Paris, datant du XVe siècle, reconnaissable à sa façade à colombages, typique du Moyen Âge.
Longtemps cachée sous un enduit, cette architecture a été révélée lors d’une restauration dans les années 1960. Elle nous plonge dans le Paris d’avant Haussmann, quand les rues étaient étroites, sombres, et que les maisons en bois dominaient le paysage.
La légende veut qu’un certain Docteur Faust y ait vécu, ou du moins que l’esprit mystérieux du personnage y plane. Cette rumeur vient probablement de l’ambiance gothique du lieu, renforcée par la façade voisine, également à pans de bois.
Pour rappel, Faust aurait conclu un pacte avec le démon Méphistophélès, lui accordant vingt-quatre ans de savoir et de jeunesse, avant une fin tragique. Cette histoire, notamment popularisé par le chef d’œuvre de Goethe, illustre un mythe universel : celui du savant qui dépasse les limites humaines au risque au risque de se renier.
Aujourd’hui, cette maison classée attire les curieux, les amateurs d’histoire… et les amoureux des secrets parisiens. Un petit morceau de Moyen-Âge en plein cœur du Marais.
10 – Rue des Barres
Sourds et malentendants
La rue des Barres est l’une des ruelles les plus pittoresques du Marais, nichée entre la Seine et l’église Saint-Gervais-Saint-Protais. Pavée et sinueuse, elle semble figée hors du temps, avec ses façades médiévales, ses maisons à pans de bois et son atmosphère intimiste. Le nom de la rue viendrait des « barres », c’est-à-dire des barrières de bois ou de pierre qui fermaient autrefois certains accès de la ville. Durant le Moyen Âge, ce quartier animé accueillait artisans, marchands et gens du peuple. Aujourd’hui, c’est un lieu paisible, presque secret, qui invite à la flânerie et qui débouche sur une charmante placette souvent animée de promeneurs, de musiciens de rue ou de groupes en visite. C’est un parfait exemple de la manière dont Paris conserve, au cœur de sa modernité, des fragments de son passé le plus ancien.
Vous l’avez surement remarqué, cette rue longe l’église Saint-Gervais-Saint-Protais, l’une des plus anciennes de Paris. Construite en pierre, imprégnée de prières depuis plus de 5 siècles, elle fut aussi le théâtre d’une tragédie. En effet ; l’église a été touchée, en pleine Première Guerre mondiale. par un obus allemand tiré par un canon surnommé la “Grosse Bertha”, depuis le front à plus de 100 km de Paris. L’obus est tombé alors en pleine messe du Vendredi saint, le 26 mars 1918, faisant 91 morts et plus de 60 blessés dans les travées. C’est le bombardement le plus meurtrier sur Paris pendant la guerre.
11 – Bords de Seine
Sourds et malentendants
Que diriez-vous de partager 3 anecdotes sur l’endroit où vous vous situez.
Voici la première. A votre gauche quand vous faites face à la Seine, vous pouvez admirez le pont Marie, l’un des plus anciens ponts de Paris, achevé en 1635. Il relie le Marais à l’île Saint-Louis, alors en pleine urbanisation. À l’époque, c’est un pont vivant : on y construit des maisons, des échoppes, des logements – comme une petite rue perchée au-dessus de la Seine. Mais en 1658, une crue terrible emporte plusieurs arches du pont et une dizaine de maisons. Plus de 60 personnes périssent dans la nuit. C’est l’un des accidents les plus meurtriers liés aux ponts parisiens.
J’ai une seconde anecdote à vous raconter. A l’endroit même où vous vous situez, en janvier 1910, la Seine atteignit 8,62 mètres : les quais furent engloutis, les caves inondées, et l’eau remonta même par les égouts. Les habitants se déplaçaient en barque dans les rues supérieures. Aujourd’hui encore, certains immeubles conservent des marques de la crue sur leurs murs ou en sous-sol. Peut-être les verrez-vous quand vous poursuivrez votre parcours.
Dernière petite histoire : en face de vous, la berge de l’île Saint-Louis, qui a longtemps été un lieu discret. Pendant l’Occupation, c’était un point de passage pour des rendez-vous clandestins : résistants, amoureux, ou parfois les deux. Son isolement en faisait un lieu idéal pour se parler à voix basse, à l’abri du tumulte, dans la pénombre.
12 – Hôtel de Sens
Sourds et malentendants
L’Hôtel de Sens est l’un des rares témoignages d’architecture médiévale civile encore visible à Paris. Construit à la fin du XVe siècle, il servait de résidence aux évêques de Sens, car Paris dépendait alors de leur autorité religieuse.
Avec ses tours crénelées, ses meurtrières et son pont-levis d’origine, l’hôtel ressemble presque à un petit château urbain. Mais il fut aussi un lieu de pouvoir et de prestige.
L’une de ses pensionnaires les plus célèbres fut la reine Margot, épouse d’Henri IV, connue pour son tempérament flamboyant. Elle y vécut un temps en exil… et y fit scandale en tirant au pistolet sur un domestique !
Aujourd’hui, l’Hôtel de Sens abrite la Bibliothèque Forney, spécialisée dans les arts décoratifs. Entre pierre et papier, c’est un lieu où le passé rencontre la création.
12 – Passage Charlemagne
Sourds et malentendants
Le passage Charlemagne est un petit passage piéton plein de charme, niché entre la rue Saint-Paul et la rue Charlemagne, à deux pas de l’église Saint-Paul-Saint-Louis. Peu connu, c’est un endroit où le temps semble suspendu.
Ancien passage de service, il est aujourd’hui bordé d’ateliers d’artisans, de petites cours pavées, de plantes grimpantes… Une atmosphère paisible, presque provinciale, au cœur du tumulte parisien. Il illustre bien le côté caché du Marais, ce quartier où l’on passe sans toujours remarquer les trésors à deux pas.
Pendant l’Occupation, le passage Charlemagne a servi de lieu de cache pour des résistants et des familles juives fuyant les rafles. Sa discrétion, ses petites cours intérieures et ses ateliers fermés sur l’extérieur en faisaient un endroit parfait pour se dissimuler ou passer inaperçu. Le passage, qui paraît aujourd’hui paisible, fut alors un lieu de courage et de silence, au cœur d’un quartier sous surveillance.