Où sont les hommes ?

Une analyse des participations de l’année témoigne d’une tendance qu’il nous faut enquêter : sur 200 inscriptions à des actions VYV Solidaires, 80% sont le fait de femmes salariées du Groupe VYV.

Bien sur, les maisons du Groupe VYV présentent un ratio homme/femme plutôt en faveur de ces dernières, mais pas dans ces proportions. Comment expliquer un tel écart de participation ?

Plutôt que de nous lancer, têtes baissées, dans d’hasardeuses explications, attardons-nous sur la littérature qui a traité la question. ESS France a publié notamment une étude en 2020 sur le thème “Genre et bénévolat” en collaboration avec le Laboratoire d’économie et de management de Nantes Atlantique.

Des profils similaires

Les premiers résultats de l’étude tendraient à démontrer que notre population n’est pas représentative et qu’il est urgent de ne pas tirer de conclusions trop hâtives. En effet, sur la base du panel sondés dans l’étude du CNCRESS et du LEMNA, le taux de participation des femmes est légèrement inférieur à celui des hommes, 42% contre 45%. A plus large échelle, notre constat n’est pas corroboré. Il y a donc un ou plusieurs biais qui distancient notre situation de ce travail et qu’il faudra explorer. Continuons. L’étude précise néanmoins que les profils socio-démographiques des bénévoles, quel que soit le genre, sont similaires :

Plus de la moitié avait des parents qui ont pratiqué le bénévolat, un tiers a un diplôme de l’enseignement supérieur et les cadres et professions intermédiaires y sont surreprésentés.

Une répartition genrée dans les activités

Ces similarités ne rendent que plus évident l’impact de “la socialisation différenciée, les stéréotypes de genre et la répartition inégale des tâches domestiques et parentales” sur le bénévolat des femmes. Avec, tout d’abord, une répartition genrée parmi les différents domaines d’activité. Si les hommes représentent 68% des bénévoles dans les structures sportives, les femmes constituent près de 60% des forces bénévoles dans les domaines du social, du caritatif et de l’humanitaire. Dans les associations d’éducation et/ou de formation, la part de femmes atteint même 68%, avec notamment une forte présence dans le soutien scolaire.

Un engagement féminin plus distancié

L’étude met également en évidence “un engagement bénévole légèrement plus distancié pour les femmes”. Elles adhèrent moins souvent aux associations, consacrent moins de temps au bénévolat (une quinzaine d’heures en moins par an) et ont une ancienneté d’engagement plus courte. Des différences principalement imputables aux tâches domestiques et parentales qui incombent en majorité aux femmes, mais qui pourraient aussi résulter du fait qu’elles bénéficient moins “des effets de cooptation ou de réseautage”.

Un accès aux responsabilités plus restreint

Enfin, le CNCRESS et LEMNA soulignent le plafond de verre à l’œuvre dans le bénévolat. Alors que les femmes représentent 50% des bénévoles (sur 22 millions recensés), “elles constituent 45% des responsables bénévoles et 39% des présidents d’association”. Une fonction particulièrement à la traîne en matière d’égalité, puisque la part des femmes n’y a augmenté que de cinq points depuis 2002. Ces inégalités nuisent aux associations, concluent le CNCRESS et LEMNA, qui soulignent combien “l’engagement des femmes et leur accès aux postes à responsabilité” relèvent “d’un enjeu démocratique mais également d’une question d’efficacité des organisations qui ont tout à gagner à reconnaître et assurer une véritable représentativité des femmes en leur sein”.

En quoi tout cela nous éclaire-t-il ?

Cette étude nous ouvre incontestablement des pistes de compréhension du phénomène à l’oeuvre au sein du Groupe VYV. Avançons deux premières hypothèses :

  • La caractère ponctuel des actions proposées sur la plateforme conviendrait mieux au public féminin qui y verrait une opportunité d’investissement compatible avec son agenda, ses contraintes et sa charge mentale. Là où les uns privilégieraient les actions “stand alone”, fortes d’expériences, à traduction immédiate, les autres leur préfèreraient des missions de plus longue durée, dont l’impact s’apprécierait souvent in fine, et où leurs compétences pourraient être valorisées ;
  • A cela, se conjuguerait la nature même des missions. La lutte contre l’isolement social auprès des seniors ou de personnes en précarité, l’accompagnement de jeunes ou de réfugiés, le mentorat/coaching de femmes et jeunes… sont autant d’actions renvoyant à des domaines d’engagement privilégiés par les femmes.

Que faire ?

Quoique l’année ne soit pas encore achevée, le bilan 2023 des participations VYV Solidaires est déjà bon et nul doute que les opérations du 4ème trimestre confirmeront la très belle dynamique engagée.

Mais nous ne pouvons nous satisfaire de cet état de fait. De la même manière que nous devons embarquer élus comme salariés, nous devons trouver les bonnes formules pour favoriser l’engagement des femmes comme des hommes. La mobilisation collective est une constituante des objectifs qui animent VYV Solidaires sans laquelle nous perdrions un peu de notre raison d’être.

Alors, voici le plan que nous vous proposons :

  • Nous allons chercher à décliner en 2024 la temporalité des missions en ouvrant notamment au mécénat de compétences. L’idée est de permettre à certains profils, hommes et femmes, de s’investir, en accord avec le manager, sur une durée définie, à hauteur d’un pourcentage de temps au sein d’une association et sur une mission bien précise. Nous discuterons en cela avec chacune des maisons pour en imaginer un cadre possible ;
  • Nous tenterons de diversifier plus encore les actions/évènements proposés de manière à ce que chacun puisse s’y retrouver, tout en restant calés sur les causes que nous défendons. Pourquoi, par exemple, ne pas organiser des tournois sportifs avec les associations voisines qui se clôtureraient en banquet de manière à réunir participants et supporters ? Ou encore orienter les actions de lutte contre l’isolement davantage autour de loisirs partagés ?
  • En aidant à rendre plus solidaires les séminaires d’équipe déjà organisés, nous devrions jouer sur la diffusion des valeurs et la mise en situation de chacun. Une telle incitation peut aussi aider certains hommes à trouver leur voie sur les sentiers de VYV Solidaires ;
  • Enfin, pour contrer dès maintenant le phénomène, nous proposons aux femmes investies de recourir au “quart d’heure américain”. Pour celles et ceux qui s’en souviennent, dans les boums des années 60 à 90, une inversion des rôles pouvait s’opérer au cours de la soirée où les filles invitaient les garçons à danser (notamment quand ils étaient trop timides). N’y voyez aucun relent sexiste, d’arrière-garde ou une posture d’amazone, nous souhaitons juste encourager au bénévolat, en tout bien tout honneur évidemment. Et pour ce faire, nous vous proposons de transposer cette pratique désuète au goût du jour 😉

Mesdames…

Que diriez-vous d’inviter un homme (et tous celles et ceux que vous voudrez) à participer à l’action à laquelle vous vous seriez inscrite pour le Noël des engagés ?

Ce petit geste aurait le triple effet de renforcer l’implication masculine solidaire, de favoriser les participations de groupe et, qui sait, de jouer un peu sur les stéréotypes genrés d’activité. Si vous acceptez d’être à l’initiative…

Publié le 11 novembre 2023

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